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Le pied de l'arc-en-ciel
20 novembre 2008

Parfois, les mots blessent. (Bon, mes chers

Parfois, les mots blessent. (Bon, mes chers lecteurs lèvent déjà les yeux au ciel en se disant que ça va pas être joyeux cet article). Mais que fait notre pauvre victime face à ce genre de blessures? Elle serre les dents, maintient sa langue au fond de sa bouche, reste digne et garde sa fierté chiffonnée au fond d'elle. Non, elle ne hurle pas CONNARD à son aggresseur et ne parle pas de ses dix copains musclés et armés jusqu'aux dents de couteaux pointus. Faut rester civilisé, bon sang!

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On encaisse, donc. On avale, on avale. Sauf qu'à la fin, on finit par se sentir comme un entonnoir géant à mots méchants. Entonnoir qui finit par déborder. Car où va se nicher toute la frustration acumulée? Quelque part là-bas, coincée entre le coeur et l'estomac. Au milieu du ventre quoi (je suis pas docteur ès géographie des entrailles non plus). La pression augmente de plus en plus, et PAF jusqu'à déchirer la peau, exploser le torse, et envoyer une partie de son contenu en orbite autour de la Terre. Le reste peut très utilement servir à repeindre les murs avec du sang, du jus d'organe et des bouts d'intestins. Idéal pour une déco originale.

Néanmoins, avant cette conclusion tragique, on passe par une série d'étapes moralement insupportables qui rendent cette fin jouissive et désirable. Notamment, notre victime fait l'expérience de la solitude. Solitude subie et non choisie. Car les mots se faisant nombreux et violents, une carapace indétectable aux sens se formera autour d'elle, et la coupera du monde, des autres. Et elle subira ce supplice d'être enfermée dans se propre tête et de ne pouvoir parler qu'à elle-même. Ah ben oui, ça limite les conversations. Ses pensées vont tourner en rond, frapper sur son crâne. TOC TOC TOC TOC TOC TOC TOC. (je vous épargne les aïe aïe aïe, etc). Elle hurlera pour couvrir le bruyant bruissement de ses pensées volatiles, qui meutrissent le coeur, qui lacèrent sa vie et son estime de soi.

Notre victime est là arrivée en phase terminale. Elle se retrouve acculée dans un coin dont la seule issue est barrée par son agresseur. Et à moins de savoir voler, il ne lui reste plus qu'à se résigner. Aussi dérisoire que peuvent sembler les raisons de sa détresse, celle-ci n'en est pas moins fatale pour qui la subit. Et fermer les yeux là-dessus, c'est la tuer un peu plus.

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